mai 2011
expositions
Paris / Caen
« Les dernières oeuvres réalisées par Frédérique Lucien scrutent le corps humain. Il y est question de la figuration, de ce qu’elle peut encore porter, ouvrir et condenser dans un monde dominé par l’image électronique. Ce type d’engagement pointe aussi du doigt le travail de l’artiste, de ce qu’il délègue ou accomplit avec ses propres mains, confiant dans sa capacité à décider comment s’amorce une oeuvre, quand elle s’arrête. Il y a de cela chez Frédérique Lucien, mais empreint de rigueur et d’ascétisme. C’est à cette condition seulement que l’artiste peut continuellement expérimenter, explorant les médiums sans jamais s’égarer dans une fascination pour la trouvaille heureuse. Elle l’avait déjà compris lors de ses études à l’Ecole nationale supérieur des beaux-arts de Paris. Naviguant d’atelier en atelier, découvrant toutes les techniques, elle avait ensuite produit des séries liant dessin, sérigraphie, gravure, modelage… Ses thèmes, initialement orientés vers l’ordre naturel (plantes, graines, paysage), ont trouvé un aboutissement logique en 2002 avec l’intrusion de l’humain dans une étonnante série de céramiques d’où émergeaient des oreilles et des bouches. Depuis 2010, elle réalise un ensemble de dessins au fusain portant aussi sur le corps. Ceux-ci sont morcelés, découpés, réduits à de simples surfaces et textures : un buste, un bras, un ventre féminin, la saillance des genoux, la torsion des articulations du pied. La peau devient parchemin, page ouverte où se lisent les tensions et relâchements imposés par la vie. Dans les trois expositions visibles actuellement, elle relie les oeuvres dans de vaste compositions faites de montages, d’enchaînements, livrant au spectateur différentes interprétations. »
Damien Sausset